Imprépa-
ration
Investis-
sements
les finances suivront- elles ?
Les autres points
en bref. |
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Gestion à la petite
semaine
Gérard CARIOU s’est
finalement rebiffé. Atone et aphone lors des premiers conseils de la
nouvelle municipalité, il a réussi, fort de sa majorité, à obtenir
du Maire que celui-ci lui délègue une part substantielle de ses
pouvoirs. Le voici, en tout cas le croit-il, calife à la place du
calife. Mais pour faire quoi ? Les décisions prises, les orientations
arrêtées, lors de ce conseil de février, qu’il préside seul,
satisferont sans doute quelques clientèles. Ceux qui se posent des
questions, sur la gestion à moyen terme de la commune, qui impose,
avant de définir des projets, d’en éclaircir le contexte, notamment
financier, trouveront au contraire que les dossiers sont pris à l’envers,
et que l’on ne sait toujours pas où va cette commune. Aujourd’hui
comme hier, la municipalité gère à la petite semaine.
Quelle mouche l’a piqué? Depuis son succès aux
élections complémentaires d’octobre, Gérard CARIOU avait adopté un
profil bas face à un Maire qui se posait en rassembleur de courants
conservateurs éclatés et hostiles les uns aux autres sur une commune
où, ensemble, ils détiennent pourtant une majorité confortable. La
ligne bleue des Vosges, l’adver- saire hypothétique qui permettait de
dépasser les clivages internes, c’était "Agir Ensemble",
que l’on tâcherait avec soin de maintenir aussi loin que possible de
la moindre parcelle de "pouvoir".
Cette conception antédiluvienne des rapports
politiques au sein d’une commune de 3.200 habitants a apparemment
buté sur de sérieuses limites, puisque la droite combritoise a
réalisé son aggiornamento, poussant Henri PERENNOU à l’écart.
Quelles furent ces limites? Gérard CARIOU, dont le ton est tout à coup
devenu courtois et conciliant à l’égard de l’infréquentable
opposition de gauche, a évoqué à plusieurs reprises devant elle les
absences du Maire, le désordre et les mauvaises surprises dans les
dossiers dont il a hérité après les élections. On peut imaginer
aussi qu’il a du subir des pressions de la part de certains de ses
amis qui s’inquiétaient de la tactique d’un Maire en passe de
reprendre les rênes.
Gérard CARIOU se targue d’avoir obtenu de Henri
PERENNOU qu’il lui délègue l’essentiel de ses pouvoirs. Même si
une lecture attentive des arrêtés de délégations de compétences
montre que le Maire reste toujours en dernier ressort la seule
autorité. Que va-t-il faire, maintenant qu’il a les coudées
franches?
Gérard CARIOU, assis dans le fauteuil du Maire,
préside seul ce conseil du 24 février. La convocation des élus est
signée de sa main ; le Maire est absent du conseil et n’a pas donné
de procuration. Apparemment, une page est tournée dans l’histoire de
la commune. Henri PERENNOU, vaincu, s’est retiré. Les deux élus non
démissionnaires de son ancienne équipe, François MALLEJAC et
Jean-Yves CARIOU, se fondent discrètement dans la nouvelle majorité.
La séance a lieu un jeudi, en période de vacances
scolaires. Il manque plusieurs élus, dont, côté "Agir
Ensemble", Alain BREUT, Marie-Antoinette LE MUT et Sylvie
KERVEILLANT. Le public se fait de nouveau plus clairsemé. L’ordre du
jour est celui d’un conseil technique, qui prépare l’échéance de
mars (vote du budget primitif).
Depuis les élections d’octobre, au fil des
conseils municipaux, la commune renouvelle progressivement sa
représentation dans les structures où elle doit désigner des
délégués. A l’ordre du jour, figurent ainsi les nominations de
délégués auprès de la Communauté de communes, du Syndicat mixte d’informatique
du Finistère, du Conseil portuaire, du Syndicat d’initiative et du
Comité de jumelage. Il faut aussi remettre en ordre la composition des
commissions municipales.
Le changement de ton à l’égard de l’opposition
se traduit par une certaine ouverture en sa direction. On lui donne des
gages de bonne volonté, par civilité. Sur le fond bien sûr, on ne lui
cède rien. Mais, dans la mesure où elle paraît inoffensive, et
affaiblie après son échec en octobre, il ne coûte rien de lui
témoigner de la mansuétude.
Il faut renouveler entièrement la Commission d’appels
d’offres, composée de trois membres titulaires et de trois membres
suppléants. Gérard CARIOU propose dans un premier temps six noms issus
de sa majorité. "Agir Ensemble" intervient pour demander que
les mandats de Christian LE CLEAC’H (titulaire dans la précédente
commission) et de Jean-Claude DUPRE (suppléant) soient recon- duits.
Après discussion, la majorité accepte de retirer les candidatures de
deux de ses membres, pour permettre aux élus "Agir Ensemble"
d’être représentés. Sont ainsi élus à l’unanimité Paul
BERGERON, André CASTRIC et Christian LE CLEAC’H (titulaires) ; Alain
LE FLOC’H, Henri LE RHUN et Jean-Claude DUPRE (suppléants).
De la même façon, Marie- Antoinette LE MUT et
Sylvie KERVEILLANT sont désignées pour siéger respectivement au
Syndicat d’initiative et au Comité de jumelage, struc- tures où la
commune est représentée. Il a fallu que Jean-Claude DUPRE intervien-
ne, à l’issue d’un premier vote où les candidatures déposées par
le groupe "Agir Ensemble" avaient été repoussées, en
regrettant que "toutes les forces vives de la commune" ne
puissent être associées au travail d’entités aussi importantes,
pour que Gérard CARIOU accepte cette ouverture, sur le conseil de Guy
RIOU et de Marie-Augustine GENTRIC. La commune aura trois représen-
tants dans les conseils d’administration de ces deux structures.
Au Conseil portuaire, où il s’agit de nommer un
représentant titulaire et un membre suppléant, Gérard CARIOU s’en
tient à sa proposition initiale. La candidature de Alain BREUT est
rejetée ; sont élus l’Adjoint au port (Gérard CARIOU, titulaire) et
l’Adjoint aux finances (Paul BERGE- RON, suppléant). Un moment,
Gérard CARIOU s’embrouille et paraît confondre Conseil portuaire,
structure mixte où siègent des représentants des municipalités de
Combrit- Sainte Marine et de Bénodet, ainsi que du Conseil Général,
et la commission municipale des affaires portuaires. La confusion est
étonnante chez l’Adjoint chargé de ces dossiers.
La décrispation au sein du Conseil se traduit aussi
par la facilité avec laquelle les élus "Agir Ensemble"
parviennent à obtenir que des dossiers soient renvoyés pour examen
complémentaire auprès des commissions municipales con- cernées,
lorsque ceux-ci leur paraissent insuffisamment étayés.
Deux dossiers d’urbanisme sont ainsi soumis au
Conseil. L’on demande aux élus d’entériner un projet immobilier au
hameau du Moguer, à Sainte Marine. Il s’agirait de créer un
lotissement de 10 ou 12 lots sur un terrain classé N.A.C. Un
arrangement serait passé avec les propriétaires concernés,
présentés comme "demandeurs" par Gérard CARIOU, en vertu
duquel la commune prendrait en charge les travaux de voirie et de
réseaux, et recevrait des terrains en échange. Roselyne GUEGUEN
intervient pour souligner que, d’une part tous les propriétaires n’ont
pas donné leur accord, et que, d’autre part, trop d’inconnues
existent quant au projet, notamment sous l’angle de son insertion dans
le milieu, en cette partie sensible de la commune (à peu de distance de
la Pointe), pour donner d’emblée un avis positif. "Nous ne
sommes pas contre ce qui est proposé, mais il faut que nous
réfléchissions ensemble à l’aménagement projeté",
explique-t-elle. Jean-Claude DUPRE souligne la nécessité de prendre en
compte à la fois les intérêts des propriétaires et ceux de la
population: "comme nous n’avons pas aujourd’hui de projet
précis, il nous est difficile de prendre position".
Gérard CARIOU insiste d’abord sur sa volonté de
répondre au souhait de propriétaires désireux de "valoriser
au mieux leur terrain", ce qui est pour le moins révélateur
de la curieuse conception qu’il se fait de sa tâche d’élu et de
responsable de la Commis- sion chargée de l’urbanisme et de la
révision du P.O.S. Pressé par les questions de Roselyne GUEGUEN et de
Jean-Claude DUPRE, il finit cependant par se ranger à l’avis de son
Adjoint aux travaux, André CASTRIC, qui propose le renvoi du dossier en
Commission d’urbanisme, avant le prochain conseil annoncé pour la
mi-mars.
Une autre difficulté concerne une proposition de
vente de lot en lotissement communal, à Poul ar Ven Dero. Le Maire a
fait aux demandeurs une proposition orale, ensuite confirmée par
écrit, "sous réserve de l’accord du Conseil municipal",
à un prix inférieur au prix pratiqué pour les terrains voisins.
Gérard CARIOU présente le dossier avec circonspection, en notant que
les propriétaires d’un lot attenant avaient souhaité par le passé
faire l’acquisition d’une partie de ce terrain, pour agrandir leur
propriété, sans obtenir de réponse de la Mairie.
Roselyne GUEGUEN rappelle que le dossier à l’époque
avait été renvoyé en Commission de l’urbanisme, pour y tomber dans
les oubliettes. "Agir Ensemble" avait demandé une réflexion
plus globale sur l’aménage- ment des lotissements, sous l’angle
paysager notamment. On convient cette fois encore de surseoir à la
décision jusqu’au prochain conseil, et de saisir entre temps la
commission de l’urbanisme.
Impréparation
S’il est si facile d’obtenir le renvoi des
dossiers en commissions, c’est que souvent les projets présentés
sont insuffisamment prépa- rés. Le cas de la future bibliothèque est
à cet égard exemplaire. Le dossier ne figure pas à l’ordre du jour
; il est présenté en question orale. Guy RIOU rappelle que la commune
a acheté l’ancienne maison RONARC’H, située face à l’école
publique du bourg, avec l’intention d’y installer la bibliothèque
municipale, à l’étroit dans ses 30 m2 actuels.
L’Adjoint aux affaires scolaires fait un exposé
général du projet. Au fil des questions que pose le groupe "Agir
Ensemble", on découvre que le point n’est pas de simple
information, mais que ce qui est au fond incidemment demandé, c’est d’entériner
un projet dans ses grandes lignes afin de lancer des demandes de
subventions, notamment dans le cadre de la "dotation globale d’équipement"
(D.G.E). De la future bibliothèque, l’on apprend que seul le
rez-de-chaussée de cette maison est aménageable, soit 60 m2 maximum,
que contrairement à ce que déclarait le Maire, les services techniques
municipaux ne pourront réaliser qu’une petite partie des travaux, et
que, compte tenu des normes en matière de sécurité et d’accueil du
public, il en coûtera au moins 430.000F H.T. (43 millions de centimes)
d’investissement. Roselyne GUEGUEN a dès lors beau jeu de dénoncer l’empressement
manifesté par la municipalité. Passer de 30 à 60 m2 de locaux ne
résoudra pas le problème de manque de place, et l’on risque de se
retrouver en peu de temps avec une bibliothèque tout aussi inadaptée,
tout en ayant beaucoup investi. Yvonne GOANEC assure de son côté qu’il
n’est pas question d’obtenir de subvention avec un dossier aussi mal
ficelé. Gérard CARIOU ne peut plus que se résoudre à l’évidence:
il faut que le travail préparatoire soit fait, et que la commission des
travaux examine le projet !
Investissements :
les finances suivront-elles ?
Il est question, lors de ce conseil, d’autres
investissements, pour lesquels il est demandé aux élus un accord de
principe, toujours dans le but, explique-t-on, de déposer des demandes
de subventions. Quatre projets d’importance sont ainsi soumis au
Conseil : l’extension du cimetière, l’aménage- ment des vestiaires
du stade, l’acquisition de matériel par les services techniques et l’enfouissement
des réseaux dans deux rues du bourg. Au total, près de 2,5 Millions de
Francs (250 millions de centimes) d’investissements nouveaux, sans
compter la bibliothèque, ni la cinquième classe de l’école publique
du bourg, à construire d’ici 2001.
L’extension du cimetière présente un caractère d’urgence
et ne soulève pas de remarque, même s’il en coûte 475.000 F H.T.
(près de 50 millions de centimes).
Sur les autres points par contre, l’on reste dans
le flou. En ce qui concerne les vestiaires du stade, Gérard CARIOU
propose de reprendre le projet élaboré en 1997, sans salle de
réunion, un investissement qui serait de l’ordre de 1,2Millions de
Francs (120 millions de centimes). Il demande aux élus une autorisation
de principe, qui, explique-t-il, permettrait notamment de présenter le
dossier au titre de la D.G.E. (Dotation Globale d’Equipement). En ce
qui concerne les services techniques, il propose d’adopter le principe
d’un achat de divers équipements (tracteur, épareuse, ton- deuse,
...) pour un montant global de 500.000 F (50 millions de centimes).
La méthode est curieuse : le Conseil est appelé à
se prononcer sur des projets dont il ignore le détail technique, et
sans avoir connaissance de devis précis. C’est ce que déplore Jean-
Claude DUPRE. Roselyne GUEGUEN propose que la Commission des travaux
examine les besoins en matériel aux services techniques et propose
ensuite des projets d’acquisition. Yvonne GOANEC assure de son côté
que des dossiers aussi mal montés auront du mal à être pris en compte
lors de l’examen des demandes de subventions.
Plus grave est sans doute le fait que l’on ignore
tout de l’incidence budgétaire de ces projets. Gérard CARIOU assure
que la commune a la "capacité à investir". Mais il ne
l’a pas démontré. La Commission des finances n’a pas été réunie
pour faire le point. Comment discuter d’un programme d’investissement
sans disposer de données financières ?
Plus que d’une cohérence d’ensemble, la nouvelle
majorité paraît pressée de mener à bien les quelques projets qui
font partie de son fonds de commerce électoral, à un an des
élections. La commune ne pourra pourtant pas échapper à une
planification à long terme de ses programmes d’investisse- ment, qui
tiendra compte de ses capacités financières. Il y a de lourds
chantiers en vue, auxquels l’on n’échappera pas. Les programmes de
voirie et de réseaux ont pris beaucoup de retard ces dernières
années. Ce sont des programmes coûteux qui ne pourront être
éternellement différés. L’enfouisse- ment des réseaux, rues Ar
Vigouden et de Croas Ver, c’est ainsi 800.000F (80 millions de
centimes) de dépenses à étaler sur deux ans, sans compter la
réfection de la voirie, qui, soit dit en passant, figurait au programme
de voirie de l’année 1997. L’assainisse- ment, avec la construction
de la station d’épuration, est un autre gros dossier pour les années
à venir.
Faute de précisions suffisantes, les élus du groupe
"Agir Ensemble" refusent de cautionner les projets qui leur
sont soumis. Ils s’abstiennent ou refusent de prendre part au vote
(Alain BREUT et Christian LE CLEAC’H).
Les autres points en bref.
Tarifs municipaux. Ils
subissent une hausse moyenne de 2%. A noter que les creusements de
fosses au cimetière seront désormais assurés par des entreprises
spécialisées, le personnel communal n’étant plus habilité à
effectuer cette tâche dont Gérard CARIOU souligne la pénibilité. C’est
la première privatisation d’un service communal depuis longtemps.
Zone de Kerbenoën. Le
prix du m2 non viabilisé dans la zon artisanale de Kerbenoën est
ramené à 20F. L’ancien tarif (45 F) était jugé prohibitif par les
entreprises. Les chantiers STRUCTURE (construction navale) ont souhaité
acquérir 3.000 m2. Quatre entreprises auraient fait des demandes.
Serres bâchées. Le
Conseil exonère les serristes du paiement de la "taxe locale d’équipement"
(taxe d’urbanisme). pour les serres amovibles (tunnels bâchés).
Classes de neige. La
commune financera le séjour en classe de neige de 24 enfants des
classes de CE2, CM1 et CM2 de l’école de Sainte Marine, à hauteur de
585F par élève. Ce système bénéficie un an sur deux aux trois
écoles primaires de la commune.
Marchés. Le secrétaire de Mairie
propose de modifier les termes d’une délibération prise en décembre
1999, qui attribuait plusieurs lots du marché de rénovation de l’école
de Sainte Marine. "Agir Ensemble" avait souligné les fautes
évidentes de procédure (travaux déjà en cours). La demande de
modification émane de la Préfecture. Jean-Claude DUPRE obtient que ce
point soit revu au prochain conseil, le temps pour les élus de prendre
connaissance de la lettre du Préfet...
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