|
ANCIENNETE ET MISERE de Louis OGES 25 janvier 1947 De tout temps, en Bretagne, les crêpes ont tenu une large place dans l'alimentation du peuple. Jusqu'à la guerre de 1914, époque où les habitudes culinaires des campagnes, immuables jusque-là, ont commencé à se modifier, les crêpes et les galettes, servies avec une bolée de cidre ou une écuellée de gros lait, constituaient le repas traditionnel du vendredi. Les appétits satisfaits, la crêpière continuait sa besogne et accumulait sur la table un tas impressionnant de galettes empilées à plat que l'on mangeait dans la semaine, froides ou coupées en morceaux dans la soupe. De temps immémorial, les Cornouaillais, plus encore que les Léonards ou les Trégorois, ont apprécié ce mets. Jadis , les Quimpérois qui voulaient se régaler se rendaient à la campagne en "partie de crêpes". Les nobles et riches bourgeois ne dédaignaient pas ces modestes agapes. Madame de Pompéry, la Sévigné bretonne, qui écrivait dans les dernières années de l'Ancien Régime, affectionnait particulièrement "ces parties de crêpes": " on les fait dans la chaumière du "Bonhomme André", écrivait-elle, et on les mange dans le verger sur un tapis de verdure et sous les pommiers en fleurs"; Aujourd'hui, les crêpes ne paraissent plus guère sur la table des cultivateurs. Cette industrie a émigré dans les villes où, renversement curieux des choses, nous voyons les jours de foires et de marchés, les paysans et les paysannes s'attabler dans les crêperies et se régaler d'un mets dont les jeunes ménagères rurales ne connaissent plus les préparations. L'industrie des crêpes est particulièrement florissante à Quimper et à Brest. Le prix élevé des repas au restaurant en a favorisé le développement; un repas de crêpes est apprécié de tout le monde, surtout des petites gens et le coût est moins cher. Une industrie Avant la guerre, la cuisson des crêpes se faisait exclusivement au bois. Pour obtenir une chaleur égale, il fallait du bois de fagot ou des bûches coupées en menus morceaux. Debout devant la vaste cheminée où flambait un feu vif, la crêpière étendait la pâte sur la poêle chaude avec une réglette de bois. La pâte liquide s'étendait en crissant, s'arrondissait sur la "bilik". Bientôt cuite, retournée à la spatule et beurrée, elle était servie toute chaude sur une assiette. Assis sur des bancs disposés de chaque côté d'une table de bois blanc bien propre, les clients attendaient leur tour, maugréant contre les gloutons qui n'en finissaient pas de manger. Pour quelques francs, on dégustait une demi-douzaine de crêpes beurrées et arrosées de lait ou de bon cidre. Les gros mangeurs s'offraient la douzaine. Pendant la guerre, les crêperies se sont modernisées. Le bois est devenu cher et rare, la main d'oeuvre pour le fendre hors de prix. On a installé sous la poêle des rampes circulaires à gaz, ce qui a singulièrement facilité le travail de la crêpière. Un double réchaud à gaz lui permet de confectionner deux crêpes à la fois. Petites crêperies La plupart des crêperies sont installées modestement dans un rez-de-chaussée donnant sur la rue. Une ou deux tables accostées de bancs à dossiers en constituent l'ameublement. En attendant son tour, chacun assiste à la confection des crêpes qui se mangent avec les doigts. Ces crêperies sont fréquentées par les petites gens, mais aussi par des fins gourmets qui connaissent la réputation méritée de telle ou telle crêpière. Dans ses "Jardins enchantés de Cornouaille", F. Ménez a parlé de cette petite crêperie de la rue Saint Mathieu où il se régalait de crêpes particulièrement succulentes Il y aussi les crêperies de luxe où l'on mange dans un décor breton: meubles rustiques ornés de polychromes de Locmaria, vieux lits clos modernisés, bancs anciens où les sculptures sont ponctuées de clous de cuivre, vieille horloge dans leurs gaines sculptées où va et vient , inlassablement, le balancier de cuivre bien astiqué. Les enseignes sont évocatrices: "Au Vieux Logis", "Au Bon Vieux Temps", et s'accompagnent de panneaux prometteurs: "Dans un cadre rustique, crêpes et galettes au beurre fin de Cornouaille" - "Cidre bouché de Fouesnant". Au-dessus pend une enseigne moyenâgeuse en fer forgé entourant une crêpe dorée.. NDLR : Ce n'est un mystère pour presque personne, au delà du cidre de Cornouaille, de Fouesnant... Il existe une véritable concurrence entre les terroirs des deux côtés du pont. Au premier concours des "Automnales 1996" on se rappelle que le vainqueur était du coté est du pont mais cela va-t-il durer ? Il ne semble pas. La concurrence est lancée des deux côtés du pont... nous reparlerons du cidre combritois. |
Notre siège social : Kilien 29120 -
COMBRIT Tel : 02.98.56.45.00 |