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UN CRIME REPUGNANT Mardi 3 octobre 1950 : Près de Combrit, un alcoolique fusille une septuagénaire. Le meurtrier, depuis longtemps, terrorisait le village et ses environs. C'est un crime particulièrement répugnant que celui qui a coûté la vie hier matin à une septuagénaire de Combrit, Mme veuve Marie-Anne Le Berre, née Le Narzul qui allait atteindre 73 ans dans une vingtaine de jours. Un crime, perpétré au jour levé avec une froide cruauté, par Louis Campion, un exalté dans le cerveau duquel la folie et l'alcool bouillonnaient. Dès que le coup mortel fut porté, tout le monde au hameau de Kerdual, situé en bordure de la route de Pont l'Abbé à quelques 200 mètres du bourg, se renferme à double tour. On savait que l'homme pouvait poursuivre sa sinistre besogne. Heureusement, il ne rencontra personne et il s'en alla à travers champs jusqu'à un débit de Plomelin où il devait être arrêté. Un mauvais jour. Le hameau de Kerdual en Combrit échelonne ses maisons à la sortie du bourg et paraissait vivre des journées calmes comme tous les hameaux de campagne. Il y avait pourtant des heures agitées de temps à autre, lorsque la fantaisie prenait à Louis Campion, âgé de 42 ans, de faire des scènes et de semer l'effroi dans son voisinage. Forgeron - maréchal ayant même la réputation d'être un artisan adroit, il avait son atelier dans une baraque à Ty Lez. Son travail terminé, il rentrait chez lui à Kerdual avec son épouse, née Lisette Le Moigne et leur fillette Anne Marie 7 ans. Le ménage vivait dans l'unique pièce que leur louait Mme veuve Marie Anne Le Berre née Larzul. Campion était d'un caractère violent qui se manifestait sans retenue dès qu'il avait bu quelques verres de trop. "Il nous terrorisait tous ici, nous ont dit ses voisins, et lorsqu'il était dans un mauvais jour, nous n'osions plus sortir". Dimanche dernier avait été une journée agitée pour Louis Campion. L'après-midi, il était allé assister à une vente mobilière où son épouse se trouvait déjà. Il ne paraissait pas particulièrement excité. Il but en compagnie d'un voisin, puis il revint à Kerdual. Le soir, il se rendit au débit Cariou situé en face du domicile de l'autre côté de la route. Il y resta jusque vers 21 heures. Son compagnon offrit de payer une tournée. Mme Criou lui fit signe que non. Campion semblait à ce moment très énervé. Il avait une histoire de chasse qui lui tenait à coeur. Titulaire d'un permis, il avait été écarté de la société de chasse de Combrit - Ile Tudy. Drame de l'ivresse ou de la folie ? Il n'avait pas digéré ce refus et il en voulait au garde de la société, un cousin à lui cependant. Donc, Campion s'en alla. Son arrivée chez lui se traduisit par des cris et des appels. Il se livra à une de ces scènes dont il était coutumier. Ne ménageant personne, il avait arraché une poignée de cheveux à sa fillette et il brutalisait son épouse, une dentellière, travailleuse et très bien considérée. Puis il s'en alla chez un voisin, Mr Yves Larnicol, un retraité de la Marine Marchande qui ne le voyait jamais arriver le soir venu de gaieté de coeur. Il resta un moment, puis repartit. En tous cas, hier matin, au lever du jour, il était couché aux côtés de son épouse. Il se leva, marcha jusqu'à la porte et l'ouvrit. Au même moment, sur le pas de la porte voisine qu'une simple cloison séparait se trouve la propriétaire Mme Le Berre. Cette dernière n'avait guère dormi, tenue en éveil par le locataire. Quand elle vit Campion, elle ne put retenir une remarque: "La maison est à moi. Si vous continuez, vous n'aurez qu'à vous en aller !" . Cette réflexion eut le don de mettre hors de lui le forgeron qui était encore surexcité. Il rentra brusquement, alla à l'armoire, prit son fusil, glissa une cartouche dans la culasse en ressortant. Il alla froidement devant Mme Le Berre et tira presqu'à bout portant. Le coup trancha la carotide et le côté gauche de la gorge. La septuagénaire tomba comme à la renverse, tuée sur le coup. Le meurtrier est interné. Mis en présence dans une petite salle du café Cariou, du cadavre de sa victime, il se précipita avec violence contre une table pour essayer de mettre fin à ses jours. Dans ces conditions, et en raison de l'état de surexcitation de Campion, le juge d'instruction renonça à l'interroger et le fit diriger vers la maison d'arrêt. 6 octobre 1950 :
après le crime de Kerdual, Hier matin, ont été célébrées à 10 heures en l'église de Combrit les obsèques de Mme Le Berre, victime de la furie du forgeron Louis Campion dont nous avons relaté le crime dans notre numéro de mardi. Une foule nombreuse accompagna à sa dernière demeure la septuagénaire bien connue et dont la famille est particulièrement estimée dans la région. Nous renouvelons aux enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants de la victime nos sincères condoléances. |
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